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Consultants et experts ou chercheurs sont des professionnels du savoir. La frontière est parfois étroite. Les experts peuvent devenir consultants et les conseils être apporteurs d’idées et de modèles. Leurs postures et leurs compétences sont cependant différentes (1/3). Leurs forces et faiblesses ne sont  pas non plus de même nature. Aux deux extrêmes, des risques existent. Une activité de matière grise peu ou pas en interférence avec le client, pour les experts. Un prêt à penser qui suit les modes et la tentation d’aller trop vite à la solution, pour les consultants. Risques et bénéfices sont à évaluer suivant les besoins exprimés par l’entreprise et les priorités du client. Le curseur peut aussi bouger en fonction de la spécialisation du cabinet de consulting et de son investissement en R&D.

Les atouts de l’expertise

L’expert ou le chercheur manipule principalement des concepts et des idées, et travaille sur les données. Son « activité de matière grise » le met moins souvent en interférence avec le client. Son horizon est le long terme.

(voir article 1/3).

Plusieurs statuts d’experts peuvent coexister :

1)    Le chercheur ou l’expert extérieur, qui exerce ses compétences le plus souvent en laboratoire mais peut être indépendant.

2)    L’expert en entreprise, rattaché ou non à une direction de la recherche et développement ou une autre structure ou mission de même objet. Dans ce second cas, l’expert fait partie du capital intellectuel et R&D. Il est une ressource rare et représente un domaine d’expertise de l’entreprise.

3)    Le spécialiste d’une fonction transverse dans l’entreprise, reconnu comme tel mais qui peut exercer d’autres fonctions en parallèle ou dans le temps.

Dans ces trois cas, mais en particulier dans le premier, les atouts de l’expert sont importants, notamment lorsqu’il intervient sur un problème inconnu ou une solution inconnue et encore à construire.

Parmi ces atouts, on peut relever :

  • Une expertise adaptée et actualisée.
  • Une capacité d’analyse et de benchmark.
  • Une exigence de mesure des phénomènes, même si les effets immatériels peuvent poser des problèmes  de « non mesurabilité ».
  • Des savoir-faire et une reconnaissance internationaux.
  • Le recours possible à sa communauté d’experts, qui est à la fois une ressource et un lieu de validation de son expertise par les pairs.
  • Une réelle autorité sur le management.

Bien sûr, le recours à un ou des experts et chercheurs peut aussi se révéler moins efficient pour résoudre les enjeux du client :

  • Les solutions et le langage d’expert peuvent se révéler difficiles à intégrer par le management et le terrain.
  • Dans l’évaluation du résultat de la consultation d’expert, on observe parfois une survalorisation de la beauté du modèle (« jugement de beauté »), même sans référence à l’opérationnel.
  • Le primat peut être donné à l’approche analytique au détriment de la synthèse.
  • Attention à la prise de risque : elle est parfois limitée et s’abrite derrière des références à la littérature et aux pairs.
  • Le temps long est parfois décalé des exigences opérationnelles.
  • Les notions de client et de gestion de projet peuvent sembler lointaines.
  • Il existe enfin un risque que le management ne reste « prisonnier » des avis et se contente de les opposer en cas de résistance au changement.

Dans la réalité, ces atouts ou faiblesses potentiels doivent être nuancés en fonction des hommes et des situations. On les rencontre aussi chez certains consultants.

Les frontières entre expertise et consulting sont devenues poreuses.

Les experts sont parfois partenaires d’autres professions intellectuelles. Les grands laboratoires de recherche, les grandes écoles et universités voire certaines fondations, eux aussi dans la compétition internationale, sont à la recherche de moyens, tandis que des professeurs de Grandes Ecoles exercent également le métier de consultant… »

Final Expert forces et faiblesses

La valeur ajoutée du conseil

Le consultant, on l’a déjà vu (1/3) est aussi « un professionnel du savoir » qui ne manipule pas seulement de l’information mais analyse et interagit avec des situations. Il est engagé dans une coopération avec « le système client » (on parle de coproduction).  Ses compétences relationnelles et sa capacité pédagogique sont aussi importantes que sa connaissance des process et des méthodes.

Cette posture lui confère un certain nombre d’avantages :

  • La théorie reste au service du projet et de sa rapidité de conception et surtout d’exécution.
  • Le conseil vise, et a le plus souvent, un impact sur la conduite du changement et le jeu des acteurs.
  • Il peut démontrer sa capacité opérationnelle dans la recherche des résultats et effets attendus.
  • Il apporte une « solution sur mesure » (qui peut reposer néanmoins sur la capitalisation d’autres expériences, dans un secteur donné ou une autre).
  • Son succès est conditionné par l’appropriation de la démarche et des résultats par le client.
  • Il met sa capacité pédagogique au service du client et « Fait grandir le client ».

Ces atouts comportent eux leurs propres limites :

  • De l’expérience mais une expertise moins spécialisée (même si elle croît au fur et à mesure de la carrière et selon les cabinets).
  • Un risque plus grand d’obsolescence des compétences de recul de la capacité d’innovation intellectuelle. Les « gourous du management » se recruteraient souvent moins parmi les consultants ?
  •  La tentation d’aller trop vite à la solution et le risque de solution standard ou d’effet de mode  dans les solutions.
  • Un manque d’indépendance vis-à-vis du management qui veut seulement « faire passer » ses décisions.
  • Le recours à la facilité de se substituer au client dans le management des situations opérationnelles.
  • La production en série de slides  se substituant à une vraie réflexion.
  • Une certaine arrogance… « Jamais dans le doute, souvent dans l’erreur »

Les risques sont à évaluer suivant les besoins exprimés par l’entreprise et, mais aussi de la spécialisation du cabinet et des professionnels.

L’expertise reconnue en interne et à l’international sont l’un des critères majeurs d’accession au statut de Partner.

L’investissement en études et R&D est de plus en plus fréquent (particulièrement importante chez les stratèges et certains conseils en management). Les cabinets reprennent cette partie « R&D » de leur activité à travers la production de livres, articles, la mise en place d’observatoires, de séminaires … et s’associent de plus en plus systématiquement avec le monde académique ou les laboratoires de R&D de clients ou partenaires. Ils ont besoin (pour leur développement, leur image, pour la valeur ajoutée qu’ils apportent) de revenir à la pointe de l’innovation. »

Final Consultants orces et faiblesses d
Bibliographie

Base de données DeVenir

Manager des travailleurs professionnels du savoir Enjeux et perspectives, Jean-Pierre Bouchez

https://www.cairn.info/revue-francaise-de-gestion-2006-9-page-35.htm

Les différents habits de l’« expert profane » André Grimaldi

https://www.cairn.info/revue-les-tribunes-de-la-sante-2010-2-page-91.html

Les incessantes mutations des cabinets de conseil, Tcheng Henri, Huet Jean-Michel, L’Expansion Management Review 1/2009 (N° 132), p. 10-19
URL : www.cairn.info/revue-l-expansion-management-review-2009-1-page-10.html.
DOI : 10.3917/emr.132.0010.

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