Forts? Fragiles ? Les Big4 Ernst &Young, Deloitte, KPMG et Price Waterhouse Coopers, sont leaders de l’audit. Ils ne sont pas à l’abri des crises, externes et internes, rapports  contradictoires avec le conseil, crise du partnership … les coups de tonnerre comme la disparation d’Arthur Andersen restent une menace.

Si vous n’avez que quelques minutes

La position de force des Big4 est indéniable en France et dans le monde. Leur pouvoir est historique et inscrit dans la Loi notamment depuis 1929 et 2002, après l’affaire Enron. D’autres législations, en Europe notamment pourraient menacer « l’oligopole » qu’ils représentent mais il n’est pas du tout certain qu’elle mette un frein à leur expansion.

Seconde force majeure des Big4: leur réputation et un pouvoir d’attraction indéniables. Le secret de cette réussite : sélectivité du recrutement, croissance interne forte, ce qui n’exclut dans la période récente des rachats ou fusions, notamment pour développer le conseil, formation intensive e Knowledge management, fierté d’appartenance, gestion active des Alumni (les anciens), …

Les Big four sont aussi fragiles.

lls ne sont pas à l’abri des poursuites judiciaires et des conflits d’intérêts entre le métier traditionnel d’auditeur et les métiers du consulting. La concurrence de fait et les couacs culturels et business entre audit et conseil restent très fréquents. Par ailleurs, derrière leurs allures de multinationale, ils restent sur le modèle du partnership  qui montre des limites, d’autant plus que le métier d’associé a changé.

La position de force des Big4 est indéniable

Les Big4 ont acquis une place à part sur la marché de l’audit et plus récemment et non sans crise, sur celui du conseil. Les 4 grandes firmes multidisciplinaires (le nom « officiel » des Big4) regroupent dans le monde 756 000 personnes, dont 580 000 professionnels (les auditeurs, avocats et consultants)  et 39 000 Partners ou associés. Impossible de les contourner : ils auditent 99 des 100 plus grandes entreprises britanniques, l’immense majorité de celles aux Etats-Unis, toutes les sociétés du CAC 40.Ils réalisent un chiffre d’affaires mondial de 120, 3 milliards de $. En France les Big pèsent 3,4 milliards €.[1]

Cette position trouve ses origines – et aussi ses limites- dans la Loi. En développant le consulting, les Big sont devenus de véritables firmes multidisciplinaires et ont créé une culture spécifique qui continue à attirer les jeunes professionnels et « diffuse » dans les cercles de décision.

  1. Des pouvoirs nés dans la crise et inscrits dans la Loi 

 Le pouvoir des Big (et des auditeurs en général) est d’abord né dans la crise et de la Loi, même si les principes de précaution et surtout de liberté de marché lui posent aujourd’hui des contraintes, notamment en Europe.

  • 1932 – A la suite de la crise de 29, la SEC (Securities and Exchange Commission), le gendarme de la Bourse, impose à toutes les entreprises de recourir à l’audit mais sans dicter le choix d’un auditeur en particulier.« Les cabinets d’audit bénéficient d’un marché garanti par l’Etat. »
  • 2002 – L’affaire Enron et la chute d’Andersen sont à l’origine en 2002 une nouvelle Loi, dite Sarbanes-Oxley, sur la réforme de la comptabilité des sociétés cotées et la protection des investisseurs. La loi impose les entreprises américaines ou ayant des intérêts aux US des obligations de publication, de transparence et de contrôle des comptes. Elle crée une autorité de supervision des auditeurs : le Public Company Accounting Oversight Board (PCAOB).
  • 2003 – La Loi sur la sécurité financière (LSF), fortement inspirée par la SOX, est  adoptée par le Parlement français : « la profession comptable est au cœur de l’information financière relative aux entreprises ». Deux objectifs : renforcer le contrôle, rétablir la confiance. Certains garde-fous existaient déjà en France, en particulier le principe du double contrôle. Certains disent que « C’est la fin de l’autorégulation de l’industrie ».
  • 2014 – Et de n’est pas fini… la loi peut continuer de créer des activités nouvelles : la loi Hamon demande ainsi aux commissaires aux comptes de superviser le respect des délais de paiement des entreprises. Une nouvelle prérogative, dont on ne sait pas encore comment elle sera appliquée.
  1. L’Europe, un coup de frein à l’expansion ?

La Directive 2014/56/EU, la nouvelle législation européenne va-t-elle modifier la donne ? Cette norme, qui va se mettre en place progressivement dans les années à venir, oblige les entreprises à changer son auditeur tous les dix ans par défaut, elle peut éventuellement être étendue à 24 ans en cas de commissariat aux comptes conjoint. Les principales mesures concernent le renforcement de l’indépendance des contrôleurs légaux, l’amélioration de la valeur informative du rapport d’audit et une meilleure supervision de l’audit au sein de l’Union.

On peut imaginer que la réglementation européenne ne devrait pas modifier la position globale des Big4 sur les marchés, Malgré leur rivalité commerciale et leur lutte pour le leadership, ils fonctionnement comme un cartel de fait et sont solidaires face à tout ce qui peut les menacer et peut ressembler à de nouveaux entrants. La nouvelle règlementation  européenne risque fort de seulement redistribuer les cartes entre les Big Four, même si elle ouvre la place à certains cabinets indépendants. En France le cabinet Mazars pourrait ainsi avoir accès à des mandats dans le CAC 40. Le cabinet Day One s’est livré à une simulation.

[1] Voir post Brèves_des_résultats_en_croissance_pour_les_Big

Réputation et pouvoir d’attraction

Les Big4 sont une référence dans le monde de l’audit et du conseil. « La mondialisation de la finance pousse les investisseurs à réclamer le tampon d’approbation des Big Four. » Leur signature est un gage de sérieux et de service à valeur ajoutée, une marque reconnue de tous.

 

Les Big sont aussi des « marques employeurs » qui attirent les jeunes professionnels. Ils ont développé un « ADN » spécifique, qui repose sur des valeurs communes, une fierté d’appartenance, une fidélité et un engagement fort des individus dans le collectif, ce que David Maister a résumé sous le terme  de « One-Firm firm » et que ne traduit que très imparfaitement la notion, trop souvent employée, de firme globale.

Au-delà de leur stratégie métier, de leurs offres et d’une politique de  création de valeur pour leurs clients, les Big4 développement de la confiance et de la fidélité entre la firme et ses consultants et entre les consultants.

Dans les 4 firmes, qui se veulent des entreprises responsables, on observe des constantes :

  • Sélectivité du recrutement (best people) et recrutement en priorité de junior qui « grandissent dans le cabinet », pas ou peu de recrutements de seniors ou de consultants d’autres cabinets (hors stratégie de lobbying, voir ci-dessous)
  • Croissance interne forte, ce qui n’exclut pas des rachats ou fusions, notamment pour entrer sur les métiers en développement – successivement du consulting, de la stratégie ou des technologies…),
  • Formation intensive des consultants, souvent dans des programmes wordwide,
  • Fierté d’appartenance et primat aux valeurs et à l’intégrité, limites aux comportements individualistes ou de star,
  • Accompagnement des départs et gestion active des Alumni (anciens),
  • Rémunération assise sur la performance collective, au-delà de la performance individuelle,
  • Investissement sur la R&D et le Knowledge management,
  • Forte communication interne.

Dans ce modèle – qui n’est pas exclusif (les grands intégrateurs l’ont adopté, notamment Accenture, né de la branche conseil Andersen Consulting d’Arthur Andersen) chacun est membre d’un réseau mondial et garant d’une qualité constante d’engagement et de production. Chaque Partner ou Associé, est détenteur et comptable du cabinet, de sa performance, de sa réputation, il le tient de ses prédécesseurs et devra le transmettre « en bon père de famille » à ses successeurs (concept de stewardship).Il est difficile d’y entrer, d’y être promu, d’y rester

De plus en plus souvent les Big et leur culture « essaiment » et l’on retrouve d’anciens Partners ou consultants dans les directions d’entreprises, DSI, DAF … ou « détachés » dans les cabinets ministériels. On parle même de noyautage des élites, particulièrement au Royaume-Uni. Les Big4 (comme leurs cousins, les grands intégrateurs technologiques…) aiment aussi recruter d’anciens hauts fonctionnaires, pour s’ouvrir les coulisses du pouvoir et profiter de leur carnet d’adresses.

Audit et conseil : les ambiguïtés et la course à la taille

L’affaire Enron/Andersen a braqué les projecteurs sur le mélange des genres et de possibles conflits d’intérêts entre le métier traditionnel d’auditeur et les métiers du consulting qui se sont développés au sein des Big4. Mais les Big4 entendent bien répondre « dans le respect des règles légales d’étanchéité entre clientèles d’audit et de conseil » aux demandes de clients désireux de bénéficier de plates-formes internationales de conseil, de la stratégie à la mise en œuvre des systèmes d’information et au numérique[1].

La maturité des marchés de l’audit et des rendements qui décroissent ont conduit les Big à chercher des relais de croissance dans le conseil mais aussi à une vraie concurrence entre auditeurs et consultants auprès des directeurs financiers et des directions générales.

Les Big Four sont accusés par les cabinets de consultants et notamment les stratèges de préférer les process au sur-mesure et d’être très marqués par leur culture d’auditeur et le primat de la norme. Parfois chez un même client, sur un même dossier, les rivalités entre pairs, les luttes de pouvoir sont fréquentes « Les associés d’audit – activité récurrente – se sentent tout-puissants car, en cas de conflit d’intérêts, le cabinet tranche très souvent en leur  faveur » Les rivalités sont aussi fortes chez les avocats. Difficile d’éviter « les flèches empoisonnées des petits copains qui vous piquent les dossiers dès que vous avez le dos tourné ».

Pour éviter ces effets désastreux des rivalités internes et le brouillage d’image auprès des clients, les Big s’organisent : les organisations « en silo » laissent place à des structures matricielles, plus efficaces pour apporter des solutions multidimensionnelles[2], mais souvent difficiles à gérer. On voit apparaitre des comités de développement « grands comptes » chez KMPG et direction market chez Ernst&Young. Leur objectif commun : un développement raisonné et équilibré des différents métiers et des procédures d’arbitrage, notamment tout « shift audit vers le conseil ou conseil vers l’audit pour tous les clients au-delà d’une certaine taille. »

La croissance externe est désormais la clef du développement dans le conseil. Les professionnels du conseil et en particulier les stratèges sont désormais indispensables à une stratégie de « one stop shopping », une même firme répondant à tous les besoins de ses clients de l’amont à l’aval.

Difficile pourtant pour un Big d’attirer et d’intégrer des professionnels voire des équipes conseil entières pour renforcer son offre. Plus difficile encore de racheter un cabinet de conseil  et de réussir l’intégration entre auditeurs et stratèges. La concurrence est forte – « Les Big Four et les sociétés informatiques reviennent – tous en même temps – en position d’achat de cabinets indépendants » – et les enjeux métier et culturels sont majeurs.

L’échec est parfois au rendez-vous. Les associés de Roland Berger ont ainsi fini par rompre des pourparlers avancés avec le réseau Deloitte pour des raisons avant tout culturelles. Quelques années auparavant, le cabinet Booz & Company avait fini par renoncer à fusionner avec AT Kearney.

Mais les exemples actuels ne manquent pas.

Ernst & Young a racheté récemment Greenwich Consulting pour développer son expertise conseil, notamment en finance, RH et « supply chain ». Deloitte après l’échec du rapprochement avec Roland Berger a fini par racheter Monitor pour développer des offres « de la stratégie au conseil en technologies, en passant par le développement de « business processing » – l’externalisation de services » et BioIS, un cabinet spécialiste leader du développement durable. Les développements « en matière de stratégie de croissance, de marketing, de digital et d’analyse de données » sont parmi les plus recherchés du moment.  Dernier mariage annoncé : PricewaterhouseCoopers a signé un accord de fusion avec Booz & Company, conditionné à l’approbation des 300 associés de ce cabinet, qui seuls ont le pouvoir (théorique ?) de valider la décision. Ce qui souligne le rôle décisif du Partnership dans tous ces mouvements stratégiques.

[1] Deloitte a par exemple investi plusieurs millions d’euros dans un laboratoire de lutte contre la cybercriminalité, les risques d’intrusion et la protection de données. De plus en plus, l’audit évolue vers l’anticipation, la gestion et le contrôle des risques. « La technologie va donner de nouveaux moyens pour aller plus vite et pour rassurer les organisations fragilisées. Les conseils d’administration et comités d’audit ont plus que jamais besoin d’être rassurés »

[2] Chez EY, le pôle « transaction Advisory services » (TAS) regroupe les prestations de « due diligences », de conseil en fusions-acquisitions (M&A ou « corporate finance ») et à tout ce qui a trait à l’évaluation, au conseil en « restructuring » et en gestion du cash. Chez PwC, la ligne de services « transactions » couvre sensiblement le même spectre – au détail près que le « corporate finance » a davantage été intégré dans l’organisation du groupe, et que l’on trouve aussi du conseil en financement de projets d’infrastructures. Chez KPMG, le dispositif est assez identique : coexistent le conseil en management et le conseil financier – ce deuxième segment recouvrant le « transaction services », le « restructuring » et le « corporate finance », mais aussi le « forensic » (des prestations pour des dossiers de fraude, de litige, d’arbitrage, etc.). Chez Deloitte, enfin, le pôle « Financial Advisory » s’est lui aussi récemment structuré autour des pôles transactions (« due diligence », conseil en M&A, conseil en financement, « restructuring ») et advisory (immobilier, gestion d’actifs, « forensic », etc.).

les forces et faiblesses du partnership

 Derrière leurs allures de multinationale, la fragilité des Big Four provient en partie de leur modèle  « coopératif » : le  »  partnership  «  – qui fait aussi leur force, on l’a déjà souligné. C’est à la fois son attractivité et l’équation économique du modèle qui sont remis en cause.

«  Accéder à ce statut est le Graal de tout consultant, avocat, auditeur ou expert-comptable. Mais le niveau d’exigence s’est beaucoup accentué… Au risque de dissuader des vocations. » comme le souligne Muriel Jasor, une journaliste spécialiste des métiers du conseil et de l’audit. Il devient de plus en plus difficile d’accéder au statut d’associé et de le rester. « Le statut envié continue de conférer légitimité et élévation sociale, il implique aussi désormais des responsabilités accrues et des pressions constantes. »

Une nouvelle tendance est de dissocier le management de la détention du capital, comme c’est fréquent dans d’autres entreprises.  « D’où une prolifération de nouveaux « titres d’attente » (« counsel », principal, …) et une montée en puissance de « Partners non equity ».)

Le métier lui-même a changé : finis les associés dits « photocopies » qui se contentent de reproduire le  dossier type de la firme ou les associés purement hiérarchiques qui font leur apparition seulement en début ou fin de mission. Il faut démontrer au client et en interne à la fois sa performance commerciale, sa présence sur le terrain et dans le management des équipes et une expertise métier et sectorielle pointue. Il faut aussi s’investir à l’extérieur de leur cabinet : campus étudiants, conférences ou publications,  recherche et développement, et bien sûr dans les médias. Sans oublier sa capacité à affirmer son leadership en interne, auprès de ses pairs, ce qui mobilise beaucoup d’énergie.

Consultants, auditeurs, experts-comptables ou avocats, les associés se doivent d’effectuer des choix d’investissement judicieux pour leurs cabinets. « Ils sont plus que jamais tenus de développer le cabinet sinon ils vont ailleurs ». « Mettre en place des modes de gouvernance qui dépassent les hommes est aussi primordial »,

Bibliographie

Fusion en vue entre PwC et le cabinet Booz & Company Muriel Jasor

Les Echos 31 10 2013 – http://www.lesechos.fr/31/10/2013/LesEchos/21555-082-ECH_fusion-en-vue-entre-pwc-et-le-cabinet-booz-

Mieux arbitrer entre audit et conseil

http://www.lesechos.fr/supplement/20150223/directions_financieres/0204158935512-mieux-arbitrer-entre-audit-et-conseil-1095859.php

 Audit légal : l’impact des nouvelles règles Laurence Boisseau – Les Echos  11/07/2014http://www.lesechos.fr/11/07/2014/LesEchos/21727-109-ECH_audit-legal—l-impact-des-nouvelles-regles.

The One-Firm Firm revised, David Maister & Jack Walker 2006, www.davidmaister.com

 

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