Disparition de Robert Mazars, l’un des papes de l’audit

En 1940 cet ancien d’HEC crée le cabinet qui porte son nom à Rouen. Il ouvre  un bureau à Paris en 1970. Dès 1971 il initie le développement international et ouvre des bureaux en Allemagne et en Espagne. En 1983, il se démet de ses fonctions et « donne » son cabinet à ses associés. Patrick de Cambourg en devient Président.

Montagnard chevronné, homme de rigueur mais qui n’aimait pas les sentiers battus, connu pour son franc-parler, Robert Mazars,   » Bob « , comme le surnommaient sa femme et ses pairs, a ouvert la voie en France à la comptabilité analytique, qu’il a découverte au cours d’un voyage aux Etats-Unis dans le cadre des échanges du plan Marshall.

Dès la création de son cabinet il y a soixante-quinze ans, Robert Mazars avait intégré les enjeux à venir du secteur économique et financier. Toute sa vie il a défendu l’importance de l’information financière et contribué largement à la définition des standards financiers et à leur amélioration, notamment avec la Ministère des Finances, à travers le CNC conseil national de la comptabilité, un organisme chargé d’édicter des norme comptables  (intégré à l’Autorité des normes comptables – ANC), créée en 2009.

Parmi les premiers, Robert Mazars « il a vu dans la comptabilité une discipline autonome, liée mais non subordonnée au droit ou à la fiscalité. La

La comptabilité (analytique avant l’heure) est pour lui avant tout un instrument de gestion, le mètre étalon de la mesure de la performance de l’entrepreneur, par l’entrepreneur et pour l’entrepreneur lui-même. ».

Tout au long de son parcours, il a connu et su fidéliser les plus grands patrons français, de Marcel Bich à Marcel Bleustein-Blanchet en passant par Claude Bébéar.

Au moment de penser à sa succession, Robert Mazars aurait pu vendre son cabinet à l’un des Big Four, KPMG comme Robert Salustro (Salustro Reydel) en mars 2005 ou EY comme René Ricol (Ricol Lasteyrie) en mars 2015.

Il a préféré le remettre entre les mains de ses associés. Plus attaché à la valeur travail qu’à la valorisation de son capital, Robert Mazars, grand résistant, pupille de la nation, se sentait sans doute redevable d’une partie de ce qu’il avait construit.  » Si je vous associe, c’est parce que je pense que vous avez du talent. Et si vous avez du talent, je ne vais pas vous le faire payer. »

Philippe de Cambourg (président d’honneur de Mazars, depuis mars 2015 Président de l’Autorité des normes comptables – ANC) premier salarié parisien de la firme en  1976, est celui à qui Robert Mazars a confié les clés du cabinet en  1983. Il raconte :  » Il nous a convoqués. Puis il a déclaré à notre grande surprise qu’il allait partir et qu’il pensait à moi pour prendre sa succession. Il avait 63  ans, j’en avais 33. J’étais sûr que c’était un faux départ mais j’avais tort. »

Les valeurs d’indépendance, de compétence et de partage qui ont guidé son action et qu’il a laissées en héritage, ont été le ciment de la construction de Mazars en tant que « Professional Service Firm ».

 

Mazars est aujourd’hui une organisation indépendante d’audit, de conseil et de services comptables, fiscaux et juridiques qui regroupe en France 38 bureaux et compte plus de 2600 collaborateurs, dont 154 associés. Mazars est présent dans 73 pays dans le monde.

 

L’histoire de Mazars s’est construite autour d’un certain nombre de dates clés qui ont marqué le développement du groupe :

 

1940 : Robert Mazars crée le cabinet qui porte son nom à Rouen

1970 : Mazars ouvre un bureau à Paris

1971 : Mazars entame son développement international, et ouvre des bureaux en Allemagne et en Espagne

1983 : Robert Mazars se démet de ses fonctions et « donne » son cabinet à ses associés.
Patrick de Cambourg en devient Président

1995 : Mazars choisit de devenir une organisation intégrée et fusionne avec le cabinet Guérard Viala.
Le chiffre d’affaires atteint 100 millions d’Euros, pour 2000 collaborateurs.

1998 : Mazars fusionne avec le cabinet britannique Neville Russell, l’un des leaders indépendants de l’audit aux Etats-Unis.

2000 : Mazars se développe aux Pays-Bas, et intègre le cabinet Paardekooper & Hoffman, classé au 7è rang des firmes d’audit néerlandaises.
L’organisation signe également des accords d’alliance avec 3 cabinets indépendants aux Etats-Unis.

2005 : Mazars poursuit son développement international. Le partnership intégré comprend une quarantaine de pays, auxquels s’ajoutent des accords de correspondance dans une vingtaine de pays.
Le chiffre d’affaires global dépasse les 500 millions d’euros.

2006 : L’Egypte, l’Inde et le Venezuela intègrent le partnership international. Mazars poursuit également son développement au Brésil et au Mexique.

2007 : Mazars renforce ses positions en Allemagne et au Royaume-Uni. L’organisation est également membre fondateur de l’alliance internationale Praxity.

2008 : Mazars renforce sa présence en Afrique du Sud, au Brésil, au Vietnam et par la création des bureaux Mazars en Thaïlande, au Botswana, en Indonésie, en Malaisie et à Malte.

2009 : Le partnership multiplie ses équipes en Belgique, au Canada et en France.

2010 : Mazars accueille au sein de son partnership le cabinet d’audit américain Weiser. Le Groupe ouvre par ailleurs un bureau au Pakistan et renforce sa présence en France, en région Bourgogne Franche-Comté. Les associés du Groupe, réunis en Conférence annuelle à Prague du 9 au 11 décembre 2010, ont approuvé l’intégration de cinq nouveaux pays (Kenya, Nigeria, Pérou, Suède, Tadjikistan), la cooptation de 111 nouveaux associés.

2011 : Les associés du Groupe ont accueilli six nouveaux pays (Ghana, Norvège, Qatar, Oman, Bahreïn et les Bermudes) et voté la cooptation de 67 nouveaux associés ; Mazars est désormais directement présent dans 67 pays et rassemble 13 000 professionnels.

2012 : Mazars renforce sa présence en France, dans la région Rhône-Alpes, ainsi qu’à l’international, avec l’arrivée au sein du partnership d’Israël et de la Namibie.

2013: Au total, Mazars est présent en direct dans 71 pays et intervient dans 14 pays supplémentaires via des accords de correspondance et des bureaux de représentation.

2015 : Décès de Robert Mazars