Des anciens du Big Five Andersen relancent le célèbre cabinet d’audit et de conseil. Ils reprennent la marque qui serait tombée en déshérence. Forte contestation d’Andersen Tax et des alumni et querelle autour de la légitimité d’utilisation de la marque et de la réputation d’Andersen.

Andersen back to business

Des anciens du Big Five Andersen relancent le célèbre cabinet d’audit et de conseil, placé en faillite en 2002 suite au scandale Enron et depuis blanchi dans cette affaire en 2005, trop tard et dans l’indifférence générale.

Quinze ans après, l’initiative est lancée depuis Paris par deux anciens d’Arthur Andersen et est fortement contestée par Andersen Tax  qui a repris la marque et les anciens du Big, les alumni.

Le cabinet d’audit et de conseil  qui fait scandale revendique 26 bureaux dans 16 pays répartis sur les cinq continents  – sélectionnés parmi plus de 200 candidatures – des Etats-Unis à la France, en passant par Chypre, la Grèce, l’Inde, le Brésil, l’Egypte, le Liban, le Qatar ou encore le Népal. Il ambitionne de doubler sa taille d’ici à la fin de l’année

Actuellement, le centre de gravité de l’entreprise penche vers le Proche et le Moyen-Orient. «Apparemment, beaucoup d’ex-Arthur nous attendaient dans cette région du monde».

«Arthur Andersen ne s’interdit comme activité (pour l’heure) que le commissariat aux comptes en raison des traces laissées par le cauchemar Enron»

Une initiative française

L’initiative vient d’un cabinet dénommée créé en 2013, Quatre Juillet Maison Blanche, dirigée par Stéphane Laffont-Réveilhac, ex-responsable du développement et du marketing d’Ernst & Young et PwC, et Véronique Martinez, ancienne senior manager chez Arthur Andersen et présidente de l’Association Arthur Andersen de loi 1901.

Ils ont choisi de relancer cette prestigieuse marque en tentant un coup de poker.

«Nous avions constaté que les différentes marques du groupe, au total une trentaine, étaient tombées en déshérence, explique Stéphane Laffont-Réveilhac. Aussi les avons-nous déposées afin de pouvoir les exploiter à nouveau, et faire renaître ainsi cette marque mondialement connue. »

«En France, nous commencerons par les notaires, puis les huissiers, explique Stéphane Laffont-Réveilhac. La loi de modernisation de la justice les contraint à s’adapter à de nouveaux champs de compétence.»

Une simple franchise

Composé actuellement de cinq personnes, Arthur Andersen & Co – nouvelle version – est plus proche d’une start-up que du Big Five qui régna sur l’audit et le conseil.

La marque refait surface sous la forme d’un (vrai/faux ?) réseau interprofessionnel composé de membres affiliés mais juridiquement indépendants.

Pour l’heure, aucune intégration ni redistribution de revenus donc, mais l’adhésion à une association loi 1901, moyennant :

  • une « adhésion aux valeurs »,
  • un droit d’accès de 5000 euros par an,
  • et la signature d’un contrat de licence de marque (Marque, logo, identité visuelle) qui permet aux cabinets adhérents d’utiliser le nom Arthur Andersen contre une redevance pouvant aller jusqu’à 2 % de leur chiffre d’affaires annuel.

Le montant minime de la redevance témoigne d’un très faible niveau d’intégration sans commune mesure avec celui des Big five et peut être contradictoire avec l’ambition affichée.

Une légitimité contestée par un autre spin off, Andersen Tax

Cet usage de la marque Arthur Andersen est contesté par Andersen Tax, un cabinet d’audit et de conseil créé en par un groupe de 22 anciens associés qui dit avoir acheté les droits aux Etats Unis et l’avoir déposé dans 50 juridictions

Le cabinet d’audit et de conseil a engagé des poursuites contre la nouvelle entité en France. Le jugement devrait être connu le 17 mars prochain.

La firme d’abord nommée WTAS (Wealth and Tax Advisory Services USA Inc.), a été créée en 2002 et s’est développée dans 58 bureaux  (dont 19 aux Etats Unis, 4 au Canada et 22 en Europe, bientôt en Espagne, au Portugal et en Israël. L’objectif est de développer 10 ou 12 bureaux par an.

Andersen Tax conteste la filiation de la nouvelle entité avec le Big, ses métiers et ses valeurs et même la réalité des nouveaux bureaux, qu’il considère plutôt comme des espaces coopératifs de mise en commun de moyens.

La grande méfiance des alumni

Cette « renaissance » a le plus souvent fait grincer des dents, notamment chez les «alumni», les anciens du Big Five.

Sur leur site Internet, René Proglio, président de Morgan Stanley en France, a même pris la plume au nom du bureau de l’Association des anciens d’Arthur Andersen.

«Sans avoir aucun droit de propriété, nous sommes vigilants sur l’utilisation qui peut en être faite, car nous nous sentons responsables de protéger les valeurs qui l’accompagnent.»

Bibliographie

Firms vie over rights to Arthur Andersen name par Michael Conh, mise en ligne 02/03/2017 https://www.accountingtoday.com/news/firms-vie-over-rights-to-arthur-andersen-name

WTAS Revives Arthur Andersen Name as Andersen Tax par Michael Cohn , mise en ligne 02/09/2014 https://www.accountingtoday.com/news/wtas-revives-arthur-andersen-name-as-andersen-taxAndersen Tax

Le surprenant retour d’Arthur Andersen par Charles Gautier, mise en ligne 03/03/2017 http://www.lefigaro.fr/societes/2017/03/01/20005-20170301ARTFIG00341-le-surprenant-retour-d-arthur-andersen.php

Quinze ans après l’effondrement du cabinet américain, un réseau interprofessionnel reprenant la marque Arthur Andersen se lance sur le marché. Une initiative qui irrite bon nombre d’anciens.https://business.lesechos.fr/directions-financieres/comptabilite-et-gestion/audit/0211842083567-arthur-andersen-le-retour-306714.php

Le back to business d’Arthur Andersen  http://www.profession-comptable.com/ Crédit photo : Chris Ward Jones, Bloomberge news Les bureaux d’Arthur Andersen en 2002

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