Le mouvement écologique des étudiants contre le greenwashing touche le conseil. Le BCG est en pointe sur l’enjeu de la responsabilité, auprès de ses clients et de ses consultants ou futurs consultants.

Si vous n’avez que quelques minutes

Le défi écologique : greenwashing ou vrai moteur de croissance durable pour les entreprises et pour le conseil ? Les étudiants des grandes écoles appellent au « réveil écologique » et traquent les incohérences entre le discours des grands entreprises et leurs pratiques. Un enjeu de recrutement et de développement bien compris par le BCG qui affiche ses convictions et ses initiatives dans ce domaine. 

Les nouvelles exigences des jeunes diplômés

L’enjeu écologique devient clé. Après le cri d’alerte contre le greenwashing, les actions. Plus d’un an après leur coup réussi (31.200 signataires, étudiants de grandes écoles et universités) les étudiants du Manifeste pour un réveil écologique reviennent avec des outils concrets pour pousser les décideurs à agir.

Comment obliger son université à mettre en place un cours sur l’écologie ? Comment identifier une entreprise – vraiment – écologique et écoresponsable et qui ne se contente pas de se repeindre en vert  ? Autant de questions qu’un étudiant ou un jeune diplômé peut se poser et auxquelles il n’a souvent pas les moyens de répondre.

Mais ça, c’était avant. Les étudiants du Manifeste pour un réveil écologique ont mis au point des outils pour tenter de permettre aux jeunes de mettre en cohérence leurs valeurs et leur choix d’établissement, de secteur d’entreprise ou d’employeur . Les entretiens d’embauches sont des lieux privilégiés pour interroger l’engagement écologique de l’entreprise pour laquelle l’étudiant postule. La plateforme est en ligne depuis novembre 2019 (pour-un-reveil-ecologique.org/fr).

Le plaidoyer du BCG

 Les dirigeants du BCG, partie prenante du projet pour un réveil écologique, ont publié une tribune en juillet 2019 que nous reproduisons intégralement ci-dessous.

« Les entreprises françaises sont parmi les plus responsables au monde, a l’opposé de certaines idées reçues. Notre analyse des données du CSRHub montre qu’elles se situent dans le groupe de tête avec leurs homologues des pays nordiques : 83 % de nos entreprises se trouvent dans le Top 20 des entreprises mondiales les plus responsables, contre seulement 60 % des entreprises de la zone Euro.

Les groupes français se distinguent notamment par leur approche sociale inclusive, leur faible intensité en CO2, lié au mix énergétique de la France et l’engagement de la grande majorité de leur PDG dans une démarche RSE, et ce depuis de nombreuses années. C’est une excellente nouvelle. Mais au vu de l’urgence sociale, environnementale et climatique, s’en satisfaire serait une grande erreur. Et ce, pour trois raisons principales.

Pression verte

Premièrement parce que la pression sur les entreprises pour aller vers plus de responsabilité ne va cesser d’augmenter. De la part des investisseurs, qui au G20 d’Osaka ont réclamé des mesures d’urgence pour respecter les Accords de Paris et commencent à augmenter le coût du capital pour les entreprises les moins responsables. De la part des futures recrues, qui ont signé en masse le manifeste pour un réveil écologique, annonçant qu’ils ne travailleront pas pour des entreprises qui ne s’engagent pas vers plus de responsabilité. De la part des consommateurs aussi. Dans le secteur de la mode, 30 % des clients déclarent avoir changé de marque pour des raisons sociales ou environnementales, et 50 % déclarent l’envisager dans un futur proche.

Quand les étudiants inventent le chantage à l’écologie

Investisseurs, salariés, clients, et bien sûr régulateurs, qui imposent, par exemple, la transformation de l’industrie automobile en abaissant drastiquement le niveau d’émissions autorisées pour les véhicules : les partenaires vitaux des entreprises changent de perspective et imposent la nouvelle marche à suivre.

Performances économiques

Deuxièmement parce que responsabilité n’est pas synonyme de dégradation de la performance économique. Bien au contraire. Nous avons d’ailleurs créé un indicateur – le « total societal impact » – que l’on a testé dans plusieurs secteurs d’activité et qui le démontre. Les entreprises les plus responsables dégagent une marge d’Ebitda plus élevée que la moyenne et ont un multiple de valorisation également supérieur.

Beaucoup d’initiatives responsables ont déjà un retour sur investissement positif à court terme. On peut citer l’exemple de Transdev, qui a récemment gagné un contrat de 2 milliards d’euros sur quinze ans pour développer un réseau de transport neutre en carbone à Amsterdam. Ou celui de Sodexo, dont la lutte contre le gaspillage alimentaire permet d’économiser des ressources naturelles et de soutenir les populations fragilisées tout en améliorant la gestion des stocks, engageant les collaborateurs et renforçant les liens avec les territoires.

Avantage compétitif

Troisièmement, parce qu’accélérer permettra de construire l’avantage compétitif de l’économie française de demain. Dans un monde qui ne peut qu’être plus responsable pour être durable, nos entreprises doivent profiter de leur avance pour creuser l’écart et gagner des parts de marché à l’international.

A l’image de la transformation digitale en cours, il faut qu’elles entreprennent le passage à l’échelle des initiatives responsables les plus prometteuses, en commençant par les opportunités avec un double impact positif, sociétal et économique. Cela nécessite de créer les conditions d’une transformation en profondeur de leur offre, de leur modèle opérationnel et de leur gouvernance. Une transformation exigeante, donc, mais réaliste car les bonnes pratiques sont connues et les outils en grande partie déjà à disposition. Il en va de la compétitivité de notre économie, de la sauvegarde de notre planète et de notre cohésion sociale.

Guillaume Charlin est directeur général du BCG en France. Michel Fredeau, en est directeur associé senior, responsable « Sustainability » France.

 

 

Des initiatives concrètes

L’organisation du cabinet s’adapte à cette nouvelle donne écologique. Ainsi Michel Frédeau (Ensae 1982), consultant au BCG depuis 1985, aujourd’hui senior Partner du bureau de Paris, dont il a été le directeur de 2000 à 2007 et également ancien directeur RH global du cabinet de 2007 à 2012, dirige le Center for Climate Action du cabinet, l’unité en charge de collaborer avec les entreprises et les gouvernements sur le sujet d’une économie décarbonée.

Cette unité participe à la définition de l’agenda de la Cop 26 – la réunion internationale multipartite annuelle sur l’écologie et le changement climatique – qui se tiendra à Glasgow en novembre 2020. « Cette session sera particulièrement importante », souligne Michel Frédeau, interrogé par Les Échos, car les pays devront remettre leurs contributions nationales (« NDCs ») devant refléter l’ambition la plus élevée possible. Et, dans cette perspective, « les entreprises doivent reconsidérer leur manière d’opérer », souligne Michel Frédeau qui a dirigé un rapport publié cette semaine sur La vague responsable, le nouveau défi des entreprises.

Idem pour Francesco Bellino (X-Mines 2006), nommé Partner à l’été 2017 : il prend en charge la nouvelle activité Sustainability qui agrégera les interventions du cabinet dans les domaines de l’impact social et environnemental.

Enfin, l’initiative écologique Go Green de jeunes consultants, impliquant près de 200 personnes du bureau parisien, qui vise notamment à réduire la consommation de plastiques au sein du bureau, a séduit le patron monde du BCG – Rich Lesser – qui en a fait une initiative mondiale.

Des actions à suivre … Reste à savoir si l’enjeu écologique au sens large sera un moteur de croissance durable pour le cabinet et pour le conseil en général.

La vague responsable

L’impact écologique et les changements à attendre sont aussi du côté de l’entreprise et du rôle des conseils auprès d’elles pour mener les changements nécessaires.

« Au-delà des indicateurs et de la gouvernance, le passage à l’échelle nécessite des innovations en termes de process, de produit et de modèle intégrant les impacts environnementaux et sociaux. Les entreprises devront également embarquer l’ensemble des équipes et aligner leur écosystème en amont et en aval de la chaîne de valeur pour faire évoluer les pratiques. » indique Marie Humblot-Ferrero, Directrice Associée au BCG et co-auteur du rapport La vague responsable.

Pour devenir écologiques et repsonsables, les entreprises doivent entre autres :

–        se doter d’une raison d’être ;

–        considérer la performance comme holistique, intégrant les dimensions financières, humaines, sociales et environnementales ;

–        capitaliser à court terme sur les avantages compétitifs et les solutions existantes pour lancer des « no regret moves » ;

–        investir dans la réinvention des processus, des produits et du modèle économique ;

–        engager la conduite du changement pour modifier les comportements en profondeur : si l’impulsion doit partir du haut, ce sont les collaborateurs qui doivent en prendre le relais et l’intégrer à leur comportement ;

–        adopter et mettre en œuvre un suivi complet des actions et résultats liés à la responsabilité ;

–        intégrer l’écosystème au cœur de la démarche responsable ;

–        communiquer pour éduquer l’écosystème.

Ces changements impliquent d’aller beaucoup plus loin que le greenwashing dont on accuse, parfois à juste titre, les entreprises qui ne feraient que repeindre aux couleurs du vert des pratiques bien anciennes ou contraires aux enjeux écologiques.

Bibliographie

https://pour-un-reveil-ecologique.org/fr/

https://pour-un-reveil-ecologique.org/fr/choisir-son-entreprise/#entretien

Les groupes français doivent rester champion de la performance responsable, Michel Fredeau – directeur associé BCG et Guillaume Charlin – Directeur général du BCG, 17 juillet 2019 https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/les-groupes-francais-doivent-rester-les-champions-de-la-performance-responsable-1038532

Un site pour en finir – le greenwashing des entreprises et des université, Les Echos, Florent Vairet, 5 novembre 2019, https ://start.lesechos.fr/actus/environnement/un-site-pour-en-finir-le-greenwashing-des-entreprises-16530.php

Consultor, BCG : au vert toute, brèves, 20 novembre 2019,https://www.consultor.fr/devenir-consultant/breves/5732-bcg-au-vert-toute-a-fond-sur-gamma-et-arrivee-d-un-senior-partner-de-chine.html

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