Derrière le mot conseil interne se cachent 5 enjeux : stratégie, changement, gestion des projets, des coûts, des carrières et des âges. Soit 8 rôles possibles pour le consultant interne.

Variété du conseil interne

Le mot conseil est déjà en tant que tel un mot tiroir qui désigne ou recoupe :

  • des identités professionnelles,
  • des métiers,
  • des modes opératoires,
  • des business models,
  • des modèles RH et systèmes de valeur très hétérogènes.

Le conseil interne n’échappe pas à l’homogénéité trompeuse du vocabulaire, qui varie suivant les grands groupes où il se développe le plus souvent.

Au-delà de la diversité des entreprises et des secteurs, on retrouve sous le terme générique de conseil interne, des objectifs et réalités différents, qui souvent évoluent dans le temps.

Les différences tiennent à plusieurs facteurs :

  • En premier lieu, l’intention (voir l’arrière-pensée) du top management, ou de la DRH groupe, ou encore du bureau des méthodes, … les initiateurs et décideurs que l’on retrouve le plus souvent.
  • L’utilité première ainsi assignée à une fonction conseil interne dans l’entreprise ou le groupe (voir les 5 enjeux du conseil interne).
  • L’historique de la fonction conseil interne.
  • Le lieu de sa création dans l’entreprise et dans un métier donné.

Le projet conseil est-il né dans la fonction audit, qualité, organisation, dans l’univers de la propriété intellectuelle, des systèmes           d’information, ou encore des RH, … ?

  • La décision ou non de créer une structure dédiée.
  • Le mode de rattachement de la fonction dans l’organigramme de l’entreprise et son niveau de légitimité.
  • Le niveau d’autonomie budgétaire et le cas échéant les objectifs économiques de la structure.
  • La personnalité du dirigeant de la structure conseil interne.

Ces différents facteurs, modèlent en profondeur la vocation et le rôle de la structure et des personnes qui la composent.

Les 5 grands enjeux du consulting interne

On peut identifier 5 grands enjeux du consulting en entreprise :

  1. Anticipation stratégique
  2. Conduite du changement et management de projet
  3. Capitalisation & partage
  4. Optimisation des coûts
  5. Mobilité & gestion de carrière

Ces grandes familles d’enjeux « donnent le la » à la création de l’entité, elles conditionnent :

  • le choix des dirigeants de la structure,
  • les profils de recrutement,
  • le positionnement de la structure au sein du groupe,
  • l’image du conseil,
  • la pérennité de la structure,
  • et son potentiel d’évolution, dans une logique de plus ou moins forte concurrence/complémentarité vis à vis du conseil externe.

Le conseiller du président

En matière d’anticipation stratégique, le consultant interne est positionné comme le conseil du président (ou du groupe de direction).

L’objectif majeur des dirigeants de l’entreprise est de pouvoir confier des sujets de réflexion ou de préparation des décisions à des personnalités d’expérience et de confiance, dans un cadre informel et confidentiel.

Ce type de positionnement se rencontre :

  • sur des enjeux qui ne doivent pas dans un premier temps être dévoilés à l’extérieur (fusion/acquisition, recherche de partenaires, restructurations,…)
  • sur des savoir-faire « maison » spécifiques et qui sont des éléments clés du capital intellectuel et technique de l’entreprise.
  • sur des enjeux transverses de transformation de l’entreprise à fort contenu identitaire et en anticipation de projets complexes et sensibles.

Ce rôle est par nature très personnalisé et n’est pas celui que l’on rencontre le plus fréquemment au sein des différentes familles de conseil interne.

Le consultant interne Think Tank

Ce rôle de Think Tank du consulting s’inscrit également dans l’objectif stratégique de l’entreprise.

L’objectif majeur de l’entreprise ou du groupe est de se doter d’une structure de veille et de réflexion, légère et confidentielle, dans la proximité immédiate de la direction générale, constituée d’experts internes et souvent extérieurs et de personnalités.

La logique poursuivie est d’anticiper les tendances et de valoriser un capital intellectuel et relationnel commun. On ne vise pas un résultat immédiat, mais une capacité d’influence et d’anticipation.

Le conseil interne sert de miroir à l’entreprise et lui permet :

  • de conduire une veille stratégique et notamment des benchmarks,
  • d’échanger et se confronter,
  • d’éclairer les choix stratégiques,
  • d’identifier les circuits de décision et d’influence internes, externes,
  • de penser et tester ses offres, son positionnement, ses politiques.

Ce rôle est plus souvent confié à des cabinets conseil ou personnalités externes sauf exception, par exemple dans des groupes où une stricte politique de confidentialité est nécessaire ou lorsqu’il sert à former et « tester » de jeunes potentiels.

Il n’est pas non plus le plus fréquent dans les différentes familles de conseil interne.

Le consulting peut aussi contribuer à favoriser l’adaptation nécessaire des grands groupes dans un environnement complexe et mouvant.

Le consultant interne facilitateur

L’objectif majeur de l’entreprise ou du groupe est de trouver des relais internes pour communiquer, diffuser, former à une nouvelle stratégie ou une nouvelle politique, en amont de leur réalisation et parfois dans une logique expérimentale.

Le conseil interne agit par influence, il développe une pédagogie et une méthode sur des enjeux majeurs du groupe et de grands programmes d’action comme :

  • un projet de transformation numérique,
  • un changement culturel,
  • un rapprochement d’entreprise,
  • l’internationalisation du groupe,
  • la décentralisation,
  • un nouveau modèle de management…

Son intimité culturelle et professionnelle avec le groupe et sa capacité à quadriller le territoire de l’entreprise en limitant les heurts ou les conflits le font préférer à un intervenant extérieur.

Il peut agir dans le cadre d’une Université d’entreprise dont la vocation est aussi de porter et anticiper ces évolutions.

Le consultant interne et le déploiement de projet

Le consulting peut aussi répondre à un enjeu de conduite du changement et de management de projet.

L’objectif majeur de l’entreprise ou du groupe est d’ :

  • accélérer les transformations, conditions de compétitivité, professionnaliser le management de projet,
  • favoriser l’intégration et l’appropriation des nouveaux modèles, processus et systèmes,
  • développer l’autonomie des cadres et des équipes (et parfois de « ré internaliser » un projet, voire de limiter le recours aux conseils externes, cf. aussi le rôle de prestataire).

Le conseil interne, déploiement de projet, intervient souvent en amont d’un ou plusieurs conseils ou prestataires externes.

Il est préféré pour des actions inscrites dans la durée et pour son intimité culturelle et professionnelle avec le groupe. Il exerce aussi souvent une pédagogie de terrain et joue sur l’effet réseau dans sa communauté métier.

Ce rôle peut également s’inscrire dans une gestion des carrières et de mobilités, favoriser une transition ou une mobilité professionnelle, préparer à de nouvelles responsabilités, y compris à l’international

Le consultant interne et le knwoledge management

L’objectif majeur de l’entreprise ou du groupe est de développer la veille économique et la R&D et de protéger, développer et valoriser son capital de connaissance en interne.

Il s’agit de :

  • capitaliser sur les connaissances et l’expérience des opérateurs, cadres et experts,
  • formaliser et réutiliser des approches et méthodes,
  • renforcer la culture commune et les communautés métier,
  • diffuser et partager des savoir-faire et les meilleures méthodes,
  •  transférer des savoir-faire et des compétences.

Le conseil interne, plus fréquent dans les univers « processés » à forte population d’experts, est positionné en veille ou en observatoire sur des enjeux variés, économique, technologique, mais aussi managériaux.

On le retrouve également  dans le cadre des Universités d’entreprise qui développent des cycles de perfectionnement au management, à l’économie des services, la valorisation de l’immatériel…)

Le conseil interne est un faciliteur du partage des connaissances, en particulier dans le contexte d’une évolution démographique forte de l’entreprise et d’un impératif de coexistence et de transmission entre les générations.

Le consultant interne acheteur avisé

L’objectif majeur de l’entreprise ou du groupe est de mettre sous contrôle les prestations externes de conseil :

  • optimiser l’achat de conseil et de prestation intellectuelle,
  • limiter les coûts de conseil par la connaissance du groupe,
  • réduire la dépendance du management en termes de compétences, de méthodes, de capacité et de délai de réalisation,
  • et (trop) souvent s’approprier la méthode des consultants externes, en tout ou en partie.

Le conseil interne, acheteur conseil avisé développe des méthodes de référencement et d’évaluation des prestations conseil externes et mène souvent des missions conseil conjointes dans une logique de transfert de compétences.

Bibliographie

Base de données et d’expérience Devenir (accompagnement de la création et du développement de plus d’une quinzaine de groupes et entreprises, dans différents secteurs d’activité, publics ou privés, notamment de Thalès Université Missions & conseil ).

Le conseil interne Mobilité et partage des connaissances L’expérience Thales Université Missions & Conseil, Eyrolles, Brigitte Guénard Nadine-Béatrice Caillault Marc Fornari Gilles Joussot-Dubien, Bernard Letourneux, Sabine De Lombardon, Vincent Mourier, Marie-Thérèse Rampillon, Paris, 2006

Le conseil interne, outil performant de pilotage des trajectoires professionnelles des seniors, Mémoire soutenu le 25 juin 2007 par Anne-Laure Gouineau http://doc.sciencespo lyon.fr/Ressources/Documents/Etudiants/Memoires/Cyberdocs/MFE2007/gouineau_a/pdf/gouineau_a.pdf

Categories: Analyse|Mots clés : , , , , , |

Vous pourriez également être intéressé par :

  • Consultant interne, qui êtes-vous ?

    Le conseil interne se développe en entreprise depuis 20 ans. Pas seulement fonction individuelle, mais objectif de performance et de changement. Il répond à des besoins spécifiques, mais non permanents et reste fragile, sans pouvoir sur la mise en œuvre et dépendant de la stratégie d'entreprise.
  • Construire sa légitimité de consultant

    La légitimité se construit au-delà des croyances et de la compétence. Elle est fondamentale dans nos métiers du conseil. Pour le consultant, la légitimité n’existe que dans l’œil de celui qui l’évalue. Elle repose sur 4 leviers : légitimité statutaire, d’expertise, relationnelle ou morale.